Magnifique cadre dunvétéran du Mexique, fusillé au crépuscule de la Commune, avec son ruban rouge, une balle de chassepot etdes feuilles de poinsettia.
Cadre réalisé dans les années 1880 par LéonJacob, ex-communard, réfugié au Portugal et jugé contumaxpar un tribunal militaire.
LÉON JACOB ET JULES PERRIER
À son retour d'exil,Léon Jacob vivait d'expédients dans les hauteurs de Ménilmontant, en compagnied'autres ex-proscrits. Il est possible qu'il ait rassemblé toutes les tracesmatérielles possibles de la Commune, à la demande de Jules Perrier. Cet anciengarde national fédéré, avait fui en Suisse en 1871. Après s'y êtredéfinitivement installé comme marchand d'étoffes au lendemain de l'amnistie, ilvint en aide aux anciens communards de Genève, tombés dans la misère.
Jules Perrier rassemblades milliers de livres, de brochures et de journaux révolutionnaires, descaricatures politiques, des photos et des reliques. Après sa mort en 1904, sescollections, conservées dans le plus grand désordre, furent malheureusement pilléeset dispersées.
TABLEAUX ROUGES
Il est probable queLéon Jacob, en collectant pour Jules Perrier les reliques de la Commune qu'ilse procurait auprès des anciens insurgés et des membres de leur famille, aitprélevé sa dîme. Comme il était habile de ses doigts, il fabriquait des cadres qu'ilnommait fièrement : Mes tableaux rouges,à l'instar de Maxime Vuillaume qui avait intitulé ses mémoires: Mes cahiers rouges.
Jouissant d'une grandeimagination, Léon Jacob rapporta de la sorte divers épisodes de l'insurrectionde 1871. Citons: les Victimes de la manifestation des Amis de lOrdre, laGarde Nationale fédérée, la Prise d'une barricade, le Drapeau rouge de la rue Ramponeau, les Pétroleuses dans leur prison à Versailles. Il traita aussi plusieursépisodes marquants de la guerre de 1870.
Léon Jacob est unprodigieux passeur de mémoire. Comme on peut le constater, il a l'art dusymbole et de la mise en scène. Son œuvre est unique en ce sens que, par sontruchement, nous avons sous les yeux, protégés par une mince couche de verre, deséléments concrets de la Commune.
Nous voyons ici laphotographie d'un vétéran du Mexique non identifié, avec une balle de Chassepot etdes feuilles séchées de Poinsettia. Pour consolider larrière de ses cadres, Jacoba pris officiel ce quil trouvait, comme ici des bandes de papier découpées dans un dossiernotarial ancien.
POINSETTIA
La présence de feuilles de poinsettia dans ce cadre semble hautementsymbolique. Cette magnifique fleur rouge est originaire des régions tropicalesdu Mexique. On l'appelait cuetlaxóchitl,c'est-à-dire ‘fleur de peau', à cause de sa teinte. Les membres de l'expéditiondu Mexique (1861-1867) en rapportèrent en France où elles eurent une grandevogue dans les salons. Elles connurent aussi un grand succès au Portugal,surtout après que les relations diplomatiques avec le Mexique aient étéofficiellement établies en 1864 sous le gouvernement de l'empereur Maximilien.
Il est vraisemblableque Léon Jacob, en plaçant ces feuilles séchées dans le cadre ait voulu direque ce Garde national anonyme, fusillé par les Versaillais, était un vétéran duMexique. Ayant vécu en exil au Portugal, il lui avait été facile de rapporter quelques-unesde ces fleurs rouges à son retour en France.
RUBAN ROUGE
Ce ruban rouge àrosette, frangé d'or, était l'insigne des élus de la Commune. Moins d'unecentaine furent distribuées à lépoque. Mais de nombreuses copies furentfabriquées et vendues par la suite comme souvenir, de même que le triangle du18 mars, de sorte qu'il est impossible aujourd'hui de faire la différence entreles originaux et les copies des années 1880.
BIGRAPHIE DE LÉON JACOB
État-civil inconnu. Célibataire.
Membre de l'Internationale, Jacob fit adopter,le 5 octobre 1870, par le comité républicain du IIIe arr., le « scrutin deliste d'arrondissement » pour les élections de la municipalité demandées pourle 9 octobre.
Pendant la Commune de Paris, il fut secrétairegénéral de la mairie du IIIe arr. de Paris et un des responsable de lacommission d'enquête « pour les pensions aux victimes des libertés communales».En mai, il fut nommé membre de l'administration de l'orphelinat communal, sousla présidence des membres de la Commune du IIIe arr.
Jacob fut condamné, le 8 novembre 1872, par le17e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Parcontumace, car il s'était réfugié à Lisbonne (Portugal). Il fut amnistié en1879.
Notabene: Le document joint sur la condamnation de Léon Jacob est unfac-similé provenant des archives militaires. Il n'est reproduit ici qu'à seul titrede documentation et n'est pas inclus dans la vente du cadre.